Il y a quelques années, j’étais dans un train, il pleuvait dehors, les gouttes sur la vitre, et tout à coup, je vois un arc-en-ciel. Je me dépêche de sortir mon appareil photo de mon sac et l’arc-en-ciel est encore visible. Clic clac! Depuis, quand je la regarde, je ressens un bien-être insoupçonné. Toutes les couleurs sont bien là et j’ai capturé un moment magique. J’avais de la chance.
Ce préambule, je l’avais écrit suite à l‘article ‘pas de bonheur chez les sourds ?’, je ne l’avais pas publié n’ayant pas trouvé le bon moment. Parce que récemment, des événements tragiques se sont survenus en plein coeur de Paris, j’estime que c’est maintenant ou jamais… Ma vie ne sera plus la même, je le sais, et pourtant, je vais au travail, je prends des nouvelles des proches, je fais le marathon habituel en récupérant les enfants le soir et je profite du week-end pour me reposer.
Même avec ma surdité profonde, je découvre les petits moments de bonheur dans la journée, dans la nuit… En vrac, le coucher du soleil, les couleurs du ciel et des nuages qui changent, les insectes, les fleurs qui sentent bon, l’odeur de la pluie, la rosée, les pieds dans le sable chaud, le feu de cheminée qui me renvoie à mes souvenirs des vacances dans les Alpes, l’odeur de l’herbe fraîchement coupée, les étoiles dans la nuit, ma famille, mon mari, mes enfants… J’essaie de profiter de l’instant présent avec mes yeux, mes oreilles cassées, mon nez, mes mains.
Je suis très visuelle mais je peux aussi avoir des petits bonheurs sonores, la musique classique, le sifflet des enfants en forme d’oiseau… les bruits de voitures qui passent, les rires, mes enfants quand ils chantent.
Cela peut être aussi une conversation avec une personne qu’on apprécie, des fous rires… papoter avec ma famille, avec des amis de passage à Paris, un déjeuner improvisé avec une connaissance… On savoure ces moments passés en de bonne compagnie et ça fait du bien au moral. C’est aussi regarder un film ou une série, boire un verre de vin rouge le soir en croquant deux carrés de chocolat noir, c’est aussi prendre des photos, capturer des instants magiques, jouer avec la lumière du jour.
J’essaie de profiter de mes enfants le soir, leur faire découvrir les sensations que j’aime, des activités visuelles ou créatives et puis, le dessin, le coloriage, les logiques, ça nous détend… Si je peux rester avec eux, je joue avec mes enfants qui sont dans le bain. Jouer aux cartes, aux jeux de société… Partager des bons moments de famille, le yam, le whist, le scrabble…
Quand je cours, j’observe aussi et puis, je marche beaucoup. Je respire la nature qui m’entoure, je regarde les feuilles pousser, rougir et tomber au fil des saisons. Les flaques d’eau, les feuilles glissantes sur les trottoirs, les noix et les pommes tombés des arbres, les branches, la neige, la pluie, les flaques d’eau à éviter ou pas. Les escargots qui sortent quand il pleut, les toiles d’araignées qui perlent après la pluie ou qui luisent sous les rayons de soleil, les rongeurs qui courent plus vite que moi sur le sentier.
Paris ! les immeubles haussmanniens, les moments volés quand j’observe les gens dans la rue ou les transports urbains, les squares cachés, les ruelles perdues dans le vieux Paris, le quartier chinois où j’ai acheté ma robe rouge, les jolies petites boutiques, les bus bondés qui freinent souvent brutalement, les street art cachés ou exposés, les quartiers de village, les jolies maisons de ville, les quartiers chics, la Dame de fer où j’avais le vertige à l’étage, le 12ème arrondissement…