A mes parents, à l’annonce de ma surdité profonde, le médecin a dit : votre fille ne parlera jamais.
Pourtant, je parle… et je ris, crie et pleure comme presque tout le monde !

A mes parents, la maîtresse de CP a dit : ce n’est pas possible de la prendre dans ma classe.
Finalement, elle a accepté d’essayer, j’y suis restée toute l’année et je n’en ai gardé que de bons souvenirs… et je suis restée dans le même établissement jusqu’au bac…

A mes parents, le prof principal de la 2nde a dit : elle ne pourra pas rester ici jusqu’au bac.
Moi qui ne l’appréciais pas trop sans savoir pourquoi, j’avais raison de me fier à mon instinct ! Heureusement qu’on a pu compter sur un CPE compréhensif qui m’a fait passer en section supérieure sous quelques conditions.

Pour les études supérieures, c’est parce qu’un étudiant sourd était déjà passé par là ou qu’un prof est sourd d’une oreille qu’on a pu plus facilement accepter mon dossier d’inscription mais aussi grâce à l’obstination de mon père…

Après l’obtention du dernier diplôme, et après quelques années dans un environnement qui ne me plaisait pas trop, pour prouver que j’avais la possibilité de bosser… on m’a dit : tu ne peux pas être chef de projet, j’ai eu ce poste après avoir saisi une opportunité inespérée !

Puis, le fameux refrain ‘tu ne peux pas bosser dans la communication’, je bosse en plein dedans… Comme si la communication était uniquement fondée sur la parole, l’oral, et j’en passe…

Lors d’un entretien d’embauche, j’explique le principe de vélotypie (retranscription écrite en temps réel) et la manager me dit : mais ça demande beaucoup d’organisation. Mais non, M’dame… il suffit de trois clics pour réserver un créneau via une plate-forme web…

Tous ces petits obstacles nous rendraient la vie difficile, parait-il, mais au contraire, ils nous rendent plus malins, plus débrouillards face aux entendants sceptiques… Grâce aux rencontres et aux hasards, nous avons pu tracer notre chemin en fonction de nos idéaux, de nos capacités… Nous avons bien fait de n’écouter que ceux qui croient en nous.

Même ceux qui nous font douter de nos capacités volontairement ou non – encore aujourd’hui –, et ceux qui n’ont pas réussi à supporter les aléas de notre surdité au quotidien, nous ont fait réfléchir à nos propres conditions, et cela nous a renforcé la confiance en soi, en tout cas pour moi.

La vidéo Duracell qui associe le 3ème footballeur sourd dans l’histoire américaine à la puissance fait le tour du monde et je la partage avec vous :

la pub de Super Bowl avec Duracell (cliquez ici pour regarder la vidéo)

• Pour mieux connaître ce sportif, j’ai trouvé l’article de NFL (en anglais) : Derrick Coleman not slowed by hearing impairment