C’est avec 4 mois de retard que je sors ce billet mais je ne voulais pas l’écrire à chaud, juste prendre le temps de le rédiger.
Tout d’abord, je remercie la prof de yoga pour m’avoir acceptée même si cela n’avait pas l’air de la déranger, le fait que je sois sourde. Je n’étais pas non plus maligne puisque je n’avais pas demandé à ce qu’on le lui signale à notre rendez-vous de présentation.
A l’accueil de la maternité, une affichette présente la nouveauté de l’année, celle des cours de yoga prénatal. Si l’on est intéressé, il faudra prendre RV avec l’enseignante pour une présentation. Ca me titillait pendant pas mal de temps jusqu’à ce que j’en parle par hasard avec une amie (dont j’avais rédigé le témoignage pour vous) et voilà comment j’en suis arrivée là, à vouloir tester cette discipline en fin de grossesse.
Du coup, après avoir pris RV par mail avec une secrétaire, je rencontre l’enseignante, je la préviens que je suis sourde et lui explique tout le blabla habituel – je lis sur les lèvres, etc – et elle s’est bien adaptée à moi. Elle parle quand même vite et heureusement, elle a des supports visuels avec elle pour bien expliquer les principes principaux du yoga et comment elle dispense les cours auprès des femmes enceintes soit à la maternité, soit dans un espace privé.
Je ne crois pas qu’elle ait déjà affaire à des mamans malentendantes ou sourdes avant moi. Aussi, je lui suis reconnaissante quand elle m’a acceptée. Surtout maintenant que je sais que des sages-femmes ou enseignants ne veulent pas donner ce genre de cours aux sourds sous prétexte que cela ne leur est pas accessible.
Justement, je lui ai posé la question d’accessibilité : d’après elle, on peut parfaitement suivre les cours qui sont accessibles à tous, vieux, jeunes, handicapés… on n’est pas obligé de suivre ces cours avec les yeux fermés. On peut fermer les yeux chez soi, à la maison, mais pas forcément aux cours où on apprend des postures et à respirer selon les principes du yoga.
Bref, maintenant, on le sait : ceux qui vous disent que les cours de yoga ne sont pas accessibles aux sourds, sont des menteurs ou des ignorants.
Ensuite, je choisissais de suivre ses cours à son espace privé, à Paris 12ème. Ce qui était top, c’est que je pouvais lui confirmer ma présence par SMS avec les date et heure du cours. Les cours étaient donnés en petit comité, pas plus de 6 ou 7 mamans à chaque fois. La salle est petite et chaleureuse. On s’y sent bien.
Bien sûr, les autres mamans sont entendantes, je suis comme d’habitude la seule sourde. Les présentations sont rapides. La prof commence toujours par un discours, je comprends puis si ça dure plus longtemps, parfois je perds un peu le fil mais c’est souvent comme ça avec moi ! Elle raconte souvent des anecdotes rapportées par leurs clientes. Toujours souriante.
Entre parenthèses, j’ai croisé par hasard (et deux fois) une maman que j’ai connue à ces cours de yoga prénatal dans notre maternité, à chaque fois ce fut un vrai plaisir de papoter avec elle !
Ensuite, la respiration. Les postures différentes à chaque cours. J’arrive à suivre les cours, l’enseigante fait toujours en sorte que je la vois bien en face de moi, et parfois, elle me prévient quand ce que je fais ne lui convient pas. Je suis étonnée par la facilité de suivre ces cours en tant que sourde alors qu’on était souvent persuadé du contraire à cause des préjugés.
Je me rappelle qu’au début, pendant les premiers cours, je ne fermais pas les yeux mais au fur et à mesure que j’allais aux cours, je fermais les yeux, je m’imprégnais enfin de ce bien-être qui m’envahissait petit à petit…
On mettait aussi la musique pendant les cours. Je l’imaginais zen… avec les bruits de vent ou de mer… ou bien une musique douce… Je n’ai jamais demandé ce que c’était.
J’allais à ces cours tendue. J’en ressortais détendue. Le soir, je me sentais vidée mais c’était une bonne fatigue.
Je me souviendrai toujours de la première fois que j’ai rencontré l’enseignante, elle m’a fait essayer la méthode de respiration. Et le soir-même, après plusieurs nuits d’insomnie, je dormais comme un loir !
Maintenant que j’ai pratiqué ce genre de yoga, je sais que je peux le faire. Je sais que les sourds ou malentendants peuvent y aller. La preuve…
Une fois de plus, un préjugé de moins… Merci Aïcha.